Une démarche d’Upcycling innovante et artistique
Pour écrire cette Newsletter, je pars à la recherche d’acteurs et d’actrices qui adoptent de nouveaux modèles de fonctionnement. Souvent, je les trouve sur les réseaux sociaux via les comptes alternatifs que je suis. Et parfois, il ne m’est pas nécessaire de chercher bien loin…
Chaque jour, en quittant l’épicerie où je travaille, je passe devant la jolie devanture bleue d’un magasin de sacs, qui s’appelle Rustine. En regardant de plus près, j’apprends que les sacs sont tous créés à partir de bâches de camions recyclées. Le concept me plaît beaucoup et j’ai envie d’en savoir plus. Je contacte donc Xavier Frehring, qui est à l’origine de ce concept. Sa créativité n'a pas de limite, et, il le dit : c’est par défi artistique et non par militantisme écologique qu’il a lancé Rustine. Xavier n’est pas militant, mais ses valeurs et sa démarche professionnelle sont à l’origine d’un état d’esprit qui est, à mes yeux, une manifestation de ce qu’est l’écologie.
Merci pour cet échange Xavier, que je m'apprête à partager...
CONCEPT ET CREATION
Peux-tu me raconter ton histoire et celle de la création de Rustine ?
Je suis un créatif : j’ai une formation technique de dessinateur industriel et j’ai passé un diplôme d’art à l’école des arts décoratifs de Strasbourg. J’ai eu une carrière d’illustrateur et de graphiste, je travaillais pour la presse et l’édition. Et puis, en 2011, quand il y a eu la crise économique, mon activité était réduite et je me suis demandé ce que je pouvais faire d’autre. C’est à ce moment là que je me suis lancé dans cette aventure de sacs.
J’ai commencé à faire de la couture à la maison avec des tentatives de création un peu insolites avec des chambre à air de camion. J’avais l’envie d’expérimenter des matériaux différents et de récupération. De fil en aiguille, je me suis équipé avec des machines à coudre adaptées à ce type de matériau. Je me suis ensuite tourné vers la bâche de camion car c’était plus simple à manier que les chambres à air. Puis, j’ai eu l’opportunité d’ouvrir une boutique à Brest, où je vends désormais mes sacs.
Tu proposes quel type de sacs ?
Il y a un peu de tout : sacs à dos, sacs à main, pochettes, porte-monnaie, bagages et sacs de voyage, bananes, besaces, sacs de courses… J’ai des modèles phares que je fais en grande quantité et après je m’adapte aux demandes des clients. En sur-mesure, je fais par exemple des pochettes ordinateur que j’adapte à tel ou tel format, en fonction de la taille de l’ordinateur des clients.
Qui sont tes clients ?
Au début c’était des personnes avec un pouvoir d’achat assez important : des cadres et cadres sup’ qui avaient soit une sensibilité artistique, soit une sensibilité écologique.
Depuis 3 ans, j’ai remarqué que de plus en plus de jeunes venaient dans la boutique. Et puis, j’ai aussi des demandes particulières : Arena m'a contacté pour faire des protections de portes, un cabinet d’architecte m'a demandé de faire des bancs pour un ancien food truck...
Tu vends tes articles via ta boutique à Brest, tu as d’autres canaux de ventes ?
Oui j’ai tenté plusieurs choses pour vendre, je suis sur la marketplace Etsy, destinée aux artisans et aux créateurs. J’aimerais ensuite pouvoir m’en détacher et développer mon propre site e-commerce. Je vends aussi sur des marchés de créateurs : les Déferlantes à Camaret, des marchés bios en Bretagne ouverts aux produits alternatifs.
FOURNISSEURS
Ou est-ce que tu récupères tes chutes de bâches de camion ?
J’ai mon réseau et quand je n’ai plus de matières premières, je vais en roadtrip avec ma camionnette, à la chasse à la bâche. Je parcours les casses de camions en Allemagne, en Lorraine. Je fais le choix des couleurs et je remplis mon camion. Quand je rentre, je les débarrasse de leurs sangles, de bouts de ferrailles… je les nettoie. Il y a aussi des gens qui viennent me proposer des bâches. Par exemple, les Transports Pelé en Bretagne, me transmettent leurs bâches et en échange je leur fais des sacs.
EQUIPE
Tu es tout seul sur ton activité ?
Oui je suis seul. Et puis, il y a deux écoles à Brest qui proposent des bacs pro autour de la mode et du vêtement qui m’ont sollicitées pour prendre des stagiaires. 3 ou 4 fois par an j’ai des stagiaires de ces établissements qui viennent m’aider.
Tu souhaites recruter ?
Je suis travailleur indépendant depuis 1994, c’est peut être une mauvaise habitude, mais j’y ai pris goût. Pour le moment ce n’est pas dans mes plans mais j’y pense, car pour développer l’activité, je recruterai peut-être quelqu’un pour m’aider.
Tu aurais besoin d’être accompagné sur quoi ?
Un peu de tout : la fabrication, la vente, la distribution
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